Batteurs professionnels

Le batteur est à un groupe, ce que le Nord est à une boussole. Un repère absolu dont l'absence peut conduire à bien des errements. En effet, ce qui sépare le premier tambour amateur venu d'un véritable batteur professionnel est la faculté de ce dernier à développer puis maintenir une cohésion rythmique. Tout simplement indispensable !

Limiter le rôle du batteur professionnel à faire marcher au pas quelques jazzmen et rockeurs forcément indisciplinés a quelque chose de pour le moins réducteur. D'autant plus que l'apparition de la batterie peut difficilement être dissociée de la naissance du jazz, musique de toutes les extravagances s'il en est.
De fait, l'évolution de la batterie s'est faite dans cet environnement dans lequel le propre du musicien est d'aller toujours plus loin. L'instrument s'est complexifiée, la technicité de ces musiciens "à poigne" a suivi et la palette de jeu s'est diversifiée. À l'image des performances d'Elvin Jones, compagnon de route de John Coltrane, abandonnant régulièrement la section rythmique au pianiste McCoy Tyner pour des envolées déroutantes.
D'ailleurs, si les pionniers du rock'n roll ont beaucoup emprunté aux bluesmen côté guitare, l'influence de nombreux batteurs est à chercher du côté de la culture jazz. Charlie Watts des Rolling Stones et John Densmore des Doors sont les plus parfaits (et prestigieux) exemples. D'autres comme Keith Moon (The Who) ou John Bonham (Led Zeppelin) se révèleront les archétypes des batteurs purement rock'n roll.
Trop souvent transformé en simple métronome par la musique variété, le batteur professionnel trouve aujourd'hui sa singularité en affirmant son jeu dans un style musical qui lui est propre : brutal dans le hard rock, raffiné dans le blues ou exalté dans le funk. En cela, il est par sa sonorité le reflet de son groupe.

Dans tous les cas, il reste un musicien d'une grande technicité auprès duquel les autres "musicos" ne manquent jamais de venir se mettre au diapason. De ce fait, on peut dire qu'il n'y a que de bons batteurs... parfois mal accompagnés !